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samedi 4 septembre 2010

La fin d'une aristocratie juive française


L'an passé mes bureaux donnaient sur le square Monceau. Je passais presque quotidiennement devant le musée Nissim de Camondo, au 63 rue Monceau. Ce nom avait pour moi une résonnance mystérieuse et magique et pourtant je ne savais rien de cette famille, si ce n'est qu'il s'agissait d'une riche famille sépharade. Un jour, j'ai troqué mon sandwich pour une rapide visite du musée Nissim de Camondo. Le lieu est magnifiquement bourgeois et recèle de vrais bijoux de l'art du XIXème siècle dont Moïse de Camondo était passionné. A mon dernier passage en librairie, je suis tombée sur le livre de Pierre Assouline Le dernier des Camondo, qui n'est autre que Moïse de Camondo qui fit construire ce remarquable hotel particulier et utilisa une grande partie de sa richesse à l'acquisition des plus belles oeuvres d'art de son époque. Le livre retrace la saga des Camondo sur plus de 5 siècles, de l'Espagne à Istanbul en passant par l'Italie, pour se finir tristement en France. Ce livre peut-être lu sous bien des angles. Deux aspects m'ont particulièrement marquée. Le premier aspect concerne les relations entre ces riches familles juives. On découvrira que la synagogue Buffault n'a été construite que pour faire dissidence à la grande synagogue de la Victoire qui devait initialement rassembler tous les juifs, que les Rothschild ont tout fait pour faire chuter les frères Pereire (ils n'avaient pas la même vision du capitalisme), les conflits et jalousies personnels ne manquaient pas entre familles juives. Le deuxième point assez déroutant, concerne la volonté de cette élite de s'intégrer dans la grande bourgeoisie, voire l'aristocratie française. Les grandes familles juives feront des pieds et des mains pour faire partie des clubs les plus sélects, réservés jusque là aux catholiques (y compris les clubs de chasse). Nombeux sont ceux qui ont francisé ou anobli leurs noms (ainsi les Cahen venus d'Anvers deviennent les Cahen d'Anvers) et les mariages de nobles désargentés avec de riches familles juives deviennent de plus en plus fréquents, créant une aristocratie juive. Ce livre est celui d'un monde disparu, celui de juifs n'aspirant qu'à adopter et à être adopté par le pays de la Révolution et des droits de l'homme.
Profitez de ces beaux jours pour lire ce livre au Parc Monceau (vous pouvez lire en diagonal les premières pages très descriptives) et aller découvrir ou redécouvrir le musée Nissim de Camondo (Nissim est le nom du père et du fils de Moïse).
MBS

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