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mardi 23 novembre 2010

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants*...de Mathias Enard

Michel-Ange est probablement l'un des artistes les plus connus au monde. Sa Pieta, son David et bien sûr la chapelle Sixtine font partie des images, avec la Joconde de Vinci, l'autoportrait de Van Gogh à l'oreille coupée, la Marilyn de Wharol, le Baiser de Doisneau..., que nous avons en commun avec des dizaines de millions de personnes. Pour nous tous, le nom de Michel-Ange est étroitement lié à celui de la chrétienneté. Or en feuilletant une biographie de Michel-Ange dans la magnifique bibliothèque de la Villa Médicis à Rome, Mathias Enard a été frappé par la mention, sur une ligne, d'une invitation du Sultan à venir à Constantinople pour y réaliser un projet de pont, celui de Léonard de Vinci n'ayant pas plu. A partir de là, Mathias Enard a essayé de reconstruire ce qui avait pu se passer. Il a retrouvé quelques indices, mais ils sont bien minces : les dessins du projet abandonné de Leonard de Vinci, des dessins de ponts qui sont probablement ceux de Michel-Ange, un inventaire d'objets d'un voyageur italien à Constantinople, qui pourraient bien avoir appartenus à l'artiste.
Mathias Enard nous embarque avec Michel-Ange dans l'empire Ottoman. Un nouveau monde s'ouvre à lui. Une ville-port qui vit au rythme des arrivages des bateaux et de leurs marchandises les plus extraordinaires. Une ville où se cotoient musulmans, chrétiens et juifs (notamment ceux chassés par Isabelle la catholique). Une ville dans laquelle Michel-Ange découvrira tous les plaisirs des sens, sans pour autant s'y adonner. Et puis dans ce livre, il y a de la politique et le rapport des artistes avec les puissants et Michel-Ange fera ce cynique constat : « Sous tous les cieux il faut donc s'humilier devant les puissants ».
Ce livre est une charmante petite rêverie (une centaine de pages) sur les bords du Bosphore en compagnie de Michel-Ange, du poète ottoman Mesihi, d'une danseuse envoûtante et de bien d'autres personnages. Il a reçu le Goncourt des Lycéens, qui généralement font de bons choix.
* Citation complète de R. Kipling : Puisque ce sont des enfants parle-leur de batailles, de rois, de chevaux de diables, d'éléphants et d'anges mais n'omets pas de leur parler d'amour et de choses semblables."

1 commentaire:

  1. Je suis justement plongé dedans. Cette note m'éclaire sur un aspect de l'ouvrage. Je me demandais la part de romanesque et de vérité historique. J'ai à présent la réponse...

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