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mardi 30 novembre 2010

Romain Gary : le double, triple, quadriple je(u)

France 2 : mardi 2 décembre à 22h50.
Il est des parcours singuliers, parce que la vie s'est chargée d'apporter ses petits cailloux, voire ses grosses pierres sur le chemin, mais aussi et je pense surtout, parce qu'il est des hommes qui sont faits d'un autre bois, d'une autre substance. Romain Gary fait partie de ces hommes. J'ai eu la chance de voir lundi soir en avant-première un documentaire sur la vie de Romain Gary qui sera diffusé jeudi 2 décembre, pour les 30 ans de sa mort. Tout d'abord, il faut souligner le travail du réalisateur, Philippe Kohly, qui nous embarque dans sa recherche et parfois sur des fausses pistes, pour résoudre l'énigme Romain Gary. A la fin, on en saura un peu plus mais jamais on ne résoudra l'énigme de cet homme. Dans les années 1970, les livres de Romain Gary n'ont plus beaucoup de succès. Mais ce ne sont pas ses livres que la critique juge, mais l'homme Romain Gary. Alors, il invente Emile Ajar, écrivain parti vivre au Brésil pour échapper à la justice. Gallimard reçoit le script, hésite et fait éditer Gros-Calin d'Emile Ajar par sa filiale Mercure de France. Puis deuxième livre, La vie devant soi et là, surprise c'est un énorme succès, c'est même le prix Goncourt, or un auteur ne peut avoir deux fois le Goncourt et Gary l'a déjà eu en 1956. Il faut mettre un visage en face du nom d'Emile Ajar. Romain Gary choisit un petit cousin, Paul Pawlovitch, dont il est très proche. La supercherie durera au-delà de tout ce qu'il avait projeté, car il ne lui est plus possible de s'en sortir sans dégats. Et puis le personnage d'Emile Ajar lui échappe. Son cousin se prend au je(u). Fâcheries, avocats...
Mais au-delà du récit, des faits, des événements, l'homme Romain Gary reste totalement insaisissable.
Comment s'appelle-t’il? Roman Kacew, le petit garçon de Vilnus, Romain Gary, Shatan Bogat , Fosco Sinibaldi, Emile Ajar. Quelle est sa langue ? Sa langue natale est le russe, peut-être un peu de yiddish. Mais il apprendra le polonais, le français, l'anglais et écrira dans ces deux dernières langues, tout en étant souvent incapable de traduire ses livres d'une langue à l'autre. Qui est son père ? Un petit fourreur juif ou un célèbre acteur de cinéma russe, à qui il ressemble beaucoup. Romain Gary s'amusera à brouiller les pistes. Il aimera beaucoup les femmes. Tout d'abord sa mère et puis bien d'autres après dont Jean Seberg. Et puis, il empruntera de nombreux chemins. Il sera hôtelier pour aider sa mère, aviateur et tête brûlée pendant la guerre, consul aux Etats-Unis pour répondre encore aux ambitions que sa mère avaient mises en lui. Il décidera un jour de retirer tous ces habits qui ne étaient pas les siens et de se consacrer uniquement à l'écriture, à la création de personnages. Au final, on retiendra que Romain Gary (il faut bien choisir parmi ses pseudos) était avant tout un homme qui a écrit, écrit, écrit, créé des centaines de personnages si différents et avec tant de talent et de sensibilité. On a le sentiment qu'il a écrit pour s'oublier, pour disparaitre derrière tous ces personnages à qui il a donné vie. Mais n'a-t'il jamais été heureux?

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